Littérature française du 19ème siècle : les courants littéraires et les grands auteurs
De manière arbitraire, faisons commencer le 19ème siècle français par le début du consulat de Napoléon Bonaparte (1802) et fermons le chapitre avec l’exposition universelle de 1900 qui marque l’entrée dans la Belle Époque.
Ce court intervalle encadre un siècle incroyablement riche. Riche en courants, en écrivains, en publications de toutes sortes. Ce foisonnement est lié à une explosion sans précédent de transformations sociales, politiques, économiques, culturelles et technologiques.
Et c’est un régal pour nous, lecteurs du 21ème siècle, parce qu’il n’y a pas de meilleure porte d’accès à la culture littéraire, que ce siècle effervescent, pétri d’idéaux esthétiques et d’expérimentations, et relativement proche de nous dans le temps.
Table des matières
Un siècle traversé de nombreux « –ismes »
La littérature du 19ème siècle nous permet de savourer des styles d’écriture très différents qui émergent en réaction les uns aux autres, motivés par une quête continue de modernité et soutenus par un lectorat enthousiaste. C’est le terreau des avant-gardes, avec l’obsession généralisée d’écrire différent, d’écrire au plus près des sensibilités qui évoluent, se lassent, se renouvellent. Résultat : des textes, des personnages et des concepts qui continuent à influencer la culture contemporaine mondiale (rien que ça !).
L’ensemble des mouvements du XIXème littéraire français se caractérise par une approche subjective et individualiste des vérités humaines, après plusieurs siècles d’allégeance aux dieux (dieu du christianisme, dieu du classicisme antique, dieu de la rationalité.)
Ce qu’on appelle romantisme, réalisme, naturalisme, parnasse, symbolisme, romantisme social, décadentisme, ce sont des allégeances, cette fois, à l’individu en tant que sujet d’analyse et source d’expression. Où les auteurs privilégient l’imaginaire et la fiction, pensant que ces derniers expriment mieux que les mémoires ou les essais l’individu en butte au réel tel qu’il est. Ce qui varie entre les courants littéraires du dix-neuvième, ce sont les outils d’investigation, le niveau de détail, de fidélité ou de vulgarisation, les angles ; les points de vue. On voit tout ça en détail.
Premier courant notable : le romantisme
Le romantisme du 19e siècle français s’inscrit dans un contexte marqué par des réalités sociales complexes. Les classes défavorisées, principalement constituées de travailleurs urbains de classes laborieuses, étaient exposées à des conditions de travail déplorables, des environnements insalubres et des salaires dérisoires, engendrant un cercle vicieux de misère.
Dans les zones rurales, agriculteurs et travailleurs des campagnes faisaient face à des difficultés liées aux changements dans les pratiques agricoles et aux réformes économiques, accentuant la précarité, la pauvreté, et le manque d’accès à l’éducation et aux soins de santé.
À l’autre bout du spectre, les nobles subissaient les désillusions liées à l’échec de la restauration et à la période napoléonienne. Parfois contraints de travailler, ils découvraient la mélancolie. Certains auteurs romantiques ont capturé les nuances émotionnelles de cette transition sociale, résonnant par la magie de l’art dans tous les esprits en transition (transition entre l’adolescence et l’âge adulte, la quiétude et la naissance du sentiment amoureux, la migration et l’exil…).
Entre aristocrates désabusés et classes miséreuses, la bourgeoisie émerge comme le lectorat dominant au XIXe siècle. Bénéficiant de l’essor économique et de l’éducation, elle façonne la culture et dicte les préoccupations des romans qui captivent son attention.
Romantisme : les désenchantés
Chateaubriand, et les romanciers du Je
Le 19ème siècle littéraire commence en 1801, avec la publication d’Atala de Chateaubriand, suivi de René l’année suivante. Issu de la noblesse bretonne, François-René de Chateaubriand (1768 – 1848) a trouvé sa vocation littéraire après une carrière militaire. Ses œuvres littéraires, dont Atala et Génie du christianisme, lui ont assuré une stabilité financière, en complément de ses activités diplomatiques et politiques.
Le jeune René, le protagoniste du roman éponyme incarne justement les tourments romantiques et les dilemmes existentiels de son auteur qui a traversé des épreuves politiques et personnelles tout au long de sa vie. Sur le plan politique, son engagement pour la restauration monarchique en France n’a pas abouti comme il l’espérait, et sur le plan personnel, Chateaubriand a vécu des deuils douloureux, notamment la perte de sa sœur et de sa femme. Ces pertes ont profondément marqué sa vie et ont contribué à son sentiment de désillusion. Il aspirait à restaurer la grandeur passée de la France par l’héroïsme et la spiritualité à travers son engagement politique, la restauration monarchique n’a pas répondu à ses attentes, entre les luttes politiques internes, les compromis et les tensions au sein du gouvernement.
On vit avec un coeur trop plein dans un monde trop vide. Et sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout.
Chateaubriand, Atala
Si sa prose riche et mélancolique peut sembler trop introspective et son attachement à la religion catholique rebuter certains lecteurs, il mérite largement d’être lu pour son regard profond sur la condition humaine, la nature et la foi à travers une prose poétique.
Autre récit de la même veine : le roman Adolphe de Benjamin Constant (1767-1830). À travers le personnage d’Adolphe, issu de la noblesse, Constant explore les complexités émotionnelles et sociales d’une époque marquée par de profonds bouleversements. Adolphe incarne la mélancolie et la désillusion typiques de sa classe. Son dilemme amoureux et sa crise existentielle reflètent les incertitudes d’une génération noble confrontée à la perte de ses privilèges traditionnels et à la nécessité de trouver une nouvelle place dans une société en mutation.
Chatterton, personnage romantique d’Alfred de Vigny (1797-1863), se trouve au pied du mur, mis en demeure de travailler pour rembourser des dettes injustes. Il incarne la tragédie artistique et sociale, le génie maudit, confronté à à l’incompréhension sociale et à la perte de son idéal artistique. Cette révolte et ce désespoir sont emblématiques de toute une génération.
En Europe, cette génération est saisie sur le vif par Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) dans les Souffrances du jeune Werther. Werther est aristocrate dans l’âme sinon dans les faits. Jeune homme sensible et passionné qui, après avoir échoué dans ses aspirations romantiques, sombre dans une profonde mélancolie.
Tout dans cette vie aboutit à des niaiseries; et celui qui, pour plaire aux autres, sans besoin et sans goût, se tue à travailler pour de l’argent, pour des honneurs, ou pour tout ce qu’il vous plaira, est à coup sûr un imbécile.
Goethe, les Souffrances du jeune Werther
Parallèlement à tant de mélancolie cernée, rappellons-le, par une classe miséreuse en grande difficulté matérielle, le romantisme sert de canal d’expression aux aspirations de justice sociale et d’égalité. Certains écrivains romantiques, en plus d’exprimer les profondes subtilités de leur Moi, se positionnent aussi comme des observateurs critiques, cherchant à sensibiliser le public aux injustices criantes. C’est toute la noblesse de ce mouvement.
Alphonse de Lamartine : contemplation, méditation, élévation spirituelle
Issu d’une famille aisée, Lamartine (1798-1860) mène une vie de gentleman campagnard, jusqu’à ce que des revers financiers et de nombreux deuils familiaux éprouvants lui inspirent des idées plus humanistes et sociales. Il s’engage en faveur de la classe ouvrière en soutenant la création de la Société Humaine de Dunkerque, qui porte secours aux personnes en détresse en mer, ainsi que la fondation de la Société française pour l’abolition de l’esclavage.
Au fil du temps, Lamartine évolue vers des positions progressistes qui le rapprochant de la gauche politique, exprimant des préoccupations humanistes envers les classes défavorisées. Il a souvent dû compter sur ses activités littéraires pour soutenir son train de vie et rembourser ses dettes. Influencé par des poètes romantiques allemands tels que Goethe et Schiller, ainsi que par les classiques français, notamment Racine, il a ensuite considérablement influencé la poésie romantique française. Souvent critiqué pour son engagement politique équivoque et fluctuants et son style trop idéaliste, il mérite d’être lu pour son lyrisme poétique qui capture les passions et les idéaux de son époque.
Les poètes cherchent le génie bien loin, tandis qu’il est dans le cœur et que quelques notes bien simples, touchées pieusement et par hasard sur cet instrument monté par Dieu même, suffisent pour faire pleurer tout un siècle, et pour devenir aussi populaires que l’amour et aussi sympathiques que le sentiment.
Lamartine, Graziella
Victor Hugo et la révolte sociale
Incontournable figure du romantisme, Victor Hugo (1802-1885) naît alors que « ce siècle avait 2 ans », et laisse une empreinte de géant sur la littérature française du 19ème siècle. Son œuvre monumentale les Misérables expose les injustices sociales de l’époque, tandis que ses poèmes lyriques, tels que les Contemplations, révèlent le caractère illimité de son talent expressif et suggestif.
Victor Hugo est issu d’une famille aisée, son père ayant été général dans l’armée napoléonienne. Il rencontre néanmoins des difficultés financières plus tard dans sa vie, principalement dues à son engagement politique, notamment contre Napoléon III. Il en a résulté des confiscations de biens, le forçant à s’exiler en Belgique, puis en Angleterre. Hugo continue à écrire pour subvenir à ses besoins et puise son inspiration dans les injustices sociales et politiques de son époque. Les conditions difficiles des classes défavorisées, l’amour, la nature et les thèmes humanitaires ont profondément marqué son œuvre.
Sa prose peut sembler dense, pour ne pas dire indigeste, et son engagement politique peut rendre certains de ses écrits plus complexes pour les lecteurs moins intéressés par l’histoire politique de son époque. Mais ses écrits portent de nombreux messages fondateurs sur la justice, l’amour et la rédemption.
Les préjugés, voilà les voleurs ; les vices, voilà les meurtriers. Les grands dangers sont au dedans de nous. Qu’importe ce qui menace notre tête ou notre bourse ! Ne songeons qu’à ce qui menace notre âme
Victor Hugo, les Misérables
Lire Hugo, c’est s’approprier pleinement les enjeux humanitaires universels. Par exemple, les Misérables déconstruisent généreusement les injustices sociales et la lutte pour la rédemption. En les lisant, on développe une sensibilité aiguë aux inégalités et une compréhension profonde de la condition humaine. Hugo incite à l’action et à la compassion et fournit des outils conceptuels ou stylistiques à ceux qui souhaitent lutter pour les défavorisés.
Alfred de Musset : le feu mélancolique
Alfred de Musset (1810-1857) était un autre membre éminent de la team romantique. Très jeune membre du Cénacle qui réunissait les romantiques autour de Victor Hugo (et qui comprenait Lamartine, Nodier, Balzac, Dumas, Mérimée ou encore Nerval), Musset débute avec ses Contes d’Espagne et d’Italie à 19 ans et bénéficie d’une situation économique relativement confortable grâce à la famille aisée dont il est issu. Ses pièces de théâtre couvrent un large éventail de genres et de tonalités, allant du drame romantique (Lorenzaccio) à la comédie romantique (les Caprices de Marianne) en passant par la satire sociale (le Chandelier). Sa vie tumultueuse influence son œuvre marquée par la sensibilité, l’amour, et la douleur. Dépressif et alcoolique, sa créativité décline après 30 ans. Musset est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands écrivains français.
Comme beaucoup d’auteurs romantiques, Musset peut rebuter par son exubérance émotionnelle, mais son talent poétique exceptionnel continue de marquer les générations actuelles.
On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueuil et mon ennui.
Musset, On ne badine pas avec l’amour
Réalisme et naturalisme : l’observation scrupuleuse
Passée l’effusion lyrique inspirée par les injustices du siècle, les écrivains réalistes et naturalistes ont ressenti le besoin de documenter ces réalités nouvelles, de dépeindre les conséquences de l’industrialisation sur les conditions de travail, les relations sociales, la pauvreté, la maladie, et autres aspects de la vie quotidienne.
Ainsi, le réalisme se développe comme une réaction contre l’idéalisme romantique et cherche à présenter une image précise de la réalité sociale. Les auteurs réalistes ont adopté une approche minutieuse et détaillée pour décrire les caractéristiques concrètes de la vie urbaine et rurale. D’un point de vue sociologique, on pourrait dire, tout simplement, que les bourgeois prennent la plume avec rigueur et ambition.
Le naturalisme, une extension du réalisme va plus loin en mettant l’accent sur les influences déterministes de l’environnement et de la biologie sur le comportement humain. Émile Zola, un des représentants majeurs du naturalisme, a cherché à appliquer les méthodes scientifiques à la littérature, étudiant les individus dans leur milieu social avec une rigueur et une objectivité accrues.
Représenter la réalité de manière plus fidèle, via l’observation et un travail de documentation approfondie, tout en privilégiant un style simple et objectif, en opposition aux idéalisations du romantisme. Se pencher sur les conditions de vie complexes et souvent difficiles de la population : telle est la mission (accomplie) des auteurs réalistes.
Stendhal : premier maître du roman psychologique
Disons-le tout net, pour notre plus grand plaisir, le réalisme de Stendhal (Henri Beyle de son vrai nom, 1783-1842) se distingue de celui de ses camarades. Il accorde en effet plus d’attention aux passionnants mouvements des cœurs, des esprits et des âmes qu’aux détails extérieurs. Il n’en utilise pas moins le scalpel de l’analyse sans concession. Avec Le Rouge et le Noir, Standhal capture les passions humaines et les motivations individuelles avec une finesse et une nervosité que je surkiffe qui marquent un tournant dans l’histoire du roman européen.
Mademoiselle de La Mole ravie ne songeait qu’au bonheur d’avoir été sur le point d’être tuée. Elle allait jusqu’à se dire : Il est digne d’être mon maître, puisqu’il a été sur le point de me tuer. Combien faudrait-il fondre ensemble de beaux jeunes gens de la société pour arriver à un tel mouvement de passion ?
Stendhal, le Rouge et le Noir
Né dans une famille bourgeoise, Stendhal perd son père très jeune et se trouve, avec sa famille, dans une situation financière instable qui l’oblige à s’émanciper financièrement.
Il travaille dans la diplomatie et l’administration publique pour assurer sa subsistance, ce qui nourrit ses chefs d’œuvres romanesques d’observations imprenables sur les jeux de pouvoir et les caractères humains en situation professionnelle. Il s’intéresse aux nuances psychologiques et à la complexité des relations amoureuses, sur fond de luttes de classes où les aspirations individuelles se brûlent aux pièges et obstacles de l’ascension sociale.
Certains lecteurs pourraient trouver sa prose sèche et analytique, dépourvue de l’émotion romantique qui irrigue la prose d’autres écrivains de son époque. Mais l’acuité de ses analyses psychologiques est d’une modernité et d’une atemporalité qui a incité de nombreuses générations à réfléchir sur leurs désirs et aspirations.
Gustave Flaubert, l’artisan haut de gamme
Maître du réalisme, Gustave Flaubert (1821-1880) a révolutionné la représentation de la réalité dans la littérature avec son chef d’oeuvre Madame Bovary. L’analyse détaillée et approfondie de la psychologie de ses personnages et le regard précis qu’il pose sur les moindres éléments du décor ont marqué l’art du récit.
Issu d’une famille de la bourgeoisie aisée, Flaubert bénéficie d’une éducation privilégiée, puis hérite de la fortune familiale. Cette situation de rentier lui assure une liberté financière qui lui permet d’écrire à plein temps. Il se retire dans son cabinet de travail pendant des mois et perfectionne chaque phrase, peaufinant méticuleusement chaque détail de ses œuvres. La littérature française y gagne considérablement, en précision, en qualité, en profondeur mais aussi en épure.
Madame Bovary et l’Éducation sentimentale se distinguent particulièrement par leur prose raffinée et leurs descriptions merveilleusement subtiles qui ont clairement redéfini le réalisme en littérature.
À côté, sur la pelouse, entre les sapins, une lumière brune circulait dans l’atmosphère tiède. La terre, roussâtre comme de la poudre de tabac, amortissait le bruit des pas ; et, du bout de leurs fers, en marchant, les chevaux poussaient devant eux des pommes de pin tombées.
Flaubert, Madame Bovary
Émile Zola : chroniqueur engagé
Convaincu que la littérature pouvait être un instrument de changement social, Émile Zola (1840-1902) introduit une dimension scientifique dans la représentation de la réalité dans ses romans. Il réalise une peinture complète et détaillée de la société française du XIXe siècle à travers sa vaste série de romans intitulée Les Rougon-Macquart. Le lecteur découvre ainsi les réalités de la classe ouvrière du XIXe siècle. Germinal, l’Assommoir ou encore Nana nous confrontent aux réalités brutales du XIXe siècle dans une langue intense, expressive et analytique.
Fils d’ingénieur, Émile Zola connaît des difficultés financières au début de sa carrière et travaille comme employé. Mais son succès littéraire lui permet de se consacrer entièrement à l’écriture.
Le vin décrassait et reposait du travail, mettait le feu au ventre des fainéants ; puis, lorsque le farceur vous jouait des tours, eh bien ! le roi n’était pas votre oncle, Paris vous appartenait. Avec ça que l’ouvrier, échiné, sans le sou, méprisé par les bourgeois, avait tant de sujets de gaieté, et qu’on était bien venu de lui reprocher une cocarde de temps à autre, prise à la seule fin de voir la vie en rose ! Hein ! à cette heure, justement, est-ce qu’on ne se fichait pas de l’empereur? Peut-être bien que l’empereur lui aussi était rond, mais ça n’empêchait pas, on se fichait de lui, on le défiait bien d’être plus rond et de rigoler davantage. Zut pour les aristos !
Zola, l’Assommoir
Certains lecteurs pourraient trouver ses descriptions naturalistes brutales et trop explicites. Mais il n’y a rien de tel que ses fictions addictives pour éveiller et stimuler notre conscience. Ses romans ont initié des générations entières à l’étude des structures de pouvoir et à la compréhension des mécanismes sociaux. À l’image de son pamphlet J’accuse qui dénonce l’injustice dans l’affaire Dreyfus, ses œuvres sont un appel à l’action pour un monde plus équitable.
Guy de Maupassant : maître de la nouvelle réaliste
Au sein des auteurs réalistes du 19e siècle, Guy de Maupassant (1850-1893) privilégie une approche directe et concise des détails concrets de la vie et de la société de son époque. Moins complexe que Flaubert, plus intime et ironique que Zola, moins politique surtout, il aime à zoomer, si l’on peut dire, sur des fragments de réalité et capturer des instants fugaces de la vie quotidienne.
Issu d’une famille de petite noblesse, Maupassant fait face à une situation économique modeste, qui se dégrade davantage avec le divorce de ses parents. Face à ces difficultés, il travaille pendant dix ans comme commis au ministère de la Marine. C’est ainsi qu’il parvient à financer sa carrière littéraire naissante.
Il est probable que le caractère laborieux et exigeant de son travail administratif l’ait poussé à favoriser des formats courts, telles que les nouvelles, dans lesquelles il excelle, avec une efficacité narrative portée par son penchant pour le fantastique et un pessimisme certain.
Si la noirceur de ses thèmes et sa vision parfois cruelle des relations sociales peuvent décourager certains lecteurs, c’est pourtant ce qui fait son génie. Sans parler bien entendu de son talent narratif exceptionnel dans le format de la nouvelle et des romans courts.
Il se sentait mal à l’aise, alourdi, mécontent comme lorsqu’on a reçu quelque fâcheuse nouvelle. Aucune pensée précise ne l’affligeait et il n’aurait su dire tout d’abord d’où lui venait cette pesanteur de l’âme et cet engourdissement du corps. Il avait mal quelque part, sans savoir où ; il portait en lui un petit point douloureux, une de ces presque insensibles meurtrissures dont on ne trouve pas la place, mais qui gênent, fatiguent, attristent, irritent, une souffrance inconnue et légère, quelque chose comme une graine de chagrin.Maupassant, Pierre et Jean
Le Parnasse et l’art pour l’art
En réaction au romantisme, les Parnassiens prônent la rigueur formelle et la retenue. Les origines du Parnasse remontent à la publication des Méditations poétiques d’Alphonse de Lamartine en 1860, où ce dernier souhaitait faire descendre la poésie du Parnasse (un mont sacré pour les poètes dans la mythologie grecque) pour l’ancrer dans le cœur humain. En réaction, les Parnassiens cherchent à remettre la poésie sur son piédestal. Fini, les effusions lyriques du romantisme, hello la beauté pure, émancipée des idées morales, politiques ou sociales.
Ils rejettent ainsi l’expression du Moi et des engagements sociaux ou politiques, pour valoriser l’art pour l’art. Ils envisagent la création artistique avec la même rigueur et précision que celle d’un sculpteur, mettant l’accent sur la maîtrise de la forme et de la technique. Théodore de Banville (1823-1891), l’un des membres du Parnasse, illustre cette idéologie en déclarant qu’il faut faire un beau vase, viser avant tout la perfection formelle.
Théophile Gautier (1811-1872) est considéré comme le précurseur du mouvement, ayant posé les fondements du Parnasse avant sa formation officielle. Ses œuvres, dont Mademoiselle de Maupin, déploient une poésie riche en descriptions et en images pittoresques.
Rien de ce qui est beau n’est indispensable à la vie. — On supprimerait les fleurs, le monde n’en souffrirait pas matériellement ; qui voudrait cependant qu’il n’y eût plus de fleurs ? […] Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin.
Gauthier, préface à Mademoiselle Maupin
Catulle Mendès (1841-1909) apporte au Parnasse une dimension de virtuosité technique. Il est reconnu pour son audace dans l’expérimentation des formes poétiques et joue avec les structures et les rythmes, amoureux notamment des enjambements et des paradoxes (« Elle vous aime, vous êtes perdu. »)
Premier lauréat du Prix Nobel de littérature, Sully Prudhomme (1839-1907) allie la rigueur formelle parnassienne à la profondeur philosophique et morale (« Je ne me plaindrai pas d’avoir connu la vie… ») Ses poèmes reflètent souvent une méditation sur des questions existentielles et éthiques.
José-Maria de Heredia (1842-1905) est célèbre pour son recueil Les Trophées, où il excelle dans l’art du sonnet. Il enrichit le Parnasse avec des œuvres imprégnées d’histoire et d’exotisme, offrant des images puissantes et évocatrices («Qu’il soit encourtiné de brocart ou de serge / Triste comme une tombe ou joyeux comme un nid… »)
François Coppée (1842-1908) est connu pour son lyrisme et sa capacité à capturer la vie quotidienne. Ses œuvres, souvent empreintes d’un certain sentimentalisme, témoignent d’une sensibilité particulière aux détails et aux émotions.
Villiers de l’Isle-Adam (1838-1899) apporte au Parnasse une dimension plus mystique et philosophique. Ses œuvres explorent des thèmes tels que l’idéalisme, la quête spirituelle et les rêves, enrichissant le mouvement d’une perspective plus métaphysique.
Enfin, nous avons gardé le premier pour la fin, Leconte de Lisle (1818-1894) est souvent considéré comme le chef de file du Parnasse. Il est célèbre pour sa poésie qui mêle un réalisme historique et archéologique à une quête exigeante de la beauté formelle.
Vous vivez lâchement, sans rêve, sans dessein,
Plus vieux, plus décrépits que la terre inféconde,
Châtrés dès le berceau par le siècle assassin
De toute passion vigoureuse et profonde.
Votre cervelle est vide autant que votre sein,
Et vous avez souillé ce misérable monde
D’un sang si corrompu, d’un souffle si malsain,
Que la mort germe seule en cette boue immonde.
Leconte de Lisle, Aux modernes
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Symbolisme et mystique poétique
Le symbolisme émerge en réaction au formalisme esthétique du Parnasse. Les symbolistes critiquent le Parnasse pour sa rigidité formelle excessive, sa pauvreté spirituelle et son formalisme restrictif. Influencés par l’essor de la psychologie, la philosophie, et des systèmes de pensée orientaux, ils cherchaient à élargir les horizons poétiques en réintroduisant le mystère, la spiritualité et l’expérimentation formelle.
Par ailleurs, il leur est urgent d’échapper à la réalité des années 1870 à 1890. La « réalité rugueuse » (pour citer Rimbaud) est à ce moment-là saturée de bouleversements sociaux et politiques, du Second empire napoléonien à la Troisième République. Tensions sociales et haines idéologiques conduisent les auteurs symbolistes à rechercher une esthétique plus subjective et énigmatique, à se réfugier dans le rêve, l’ésotérisme et la métaphysique.
Charles Baudelaire : L’alchimiste du spleen et de l’idéal
Baudelaire a changé ma vie. Oups je m’égare, reprenons. Figure majeure du symbolisme, Charles Baudelaire (1821-1867) a marqué la poésie avec Les Fleurs du Mal en faisant reculer l’horizon artistique jusqu’à nous faire basculer dans la modernité. Cela ne s’est pas fait dans le bonheur.
En difficulté financière suite à la dilapidation rapide de l’héritage de son père, il dépend fréquemment du soutien de ses amis et de sa mère. Il vit la vie de bohème grâce à leurs contributions et ne connaît aucun succès commercial de son vivant. Baudelaire est ainsi parmi les premiers à endosser les habits du poète maudit.
Sur le plan artistique, il est profondément influencé par les changements de la société urbaine et industrielle. Il trouve son inspiration dans les rues de Paris et les chocs entre le moderne et le mystique. Sa poésie, bien que complexe ou surannée par endroits, ouvre les portes de l’introspection. D’un côté, la peinture des aspects parfois sordides de la vie citadine ou de l’ennui existentiel rompent avec l’idéalisation romantique de la nature. Dans le même temps, sa quête éperdue de la beauté, de l’harmonie et de l’élévation au-delà de la réalité quotidienne le pousse à immortaliser les paradoxes et les contrastes de la vie moderne, reflétant ainsi une vision poétique ancrée dans son époque.
Voici venir les temps où, vibrant sur sa tige,
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir,
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir,
Valse mélancolique et langoureux vertiges !Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.Baudelaire, Harmonie du soir
Paul Verlaine : immense mélodiste
Associé à la fois aux mouvements parnassien et symboliste, Paul Verlaine (1844-1896) laisse un héritage poétique particulièrement riche. Son recueil Fêtes galantes témoigne de sa maîtrise musicale de l’écriture et des raffinements harmoniques.
Issu d’une famille de la petite bourgeoisie, il connaît des débuts difficiles sur le plan financier. Il enchaîne les emplois administratifs, d’abord dans une société d’assurances, avant de rejoindre la mairie du 9e arrondissement après quelques mois, pour ensuite travailler à l’hôtel de ville de Paris. Sa situation s’améliore après son mariage avec Mathilde Mauté, mais reste fragile, en raison de sa vie personnelle chaotique, notamment avec Rimbaud.
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux.
J’arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Verlaine, Green
Certains lecteurs pourraient trouver son style trop énigmatique, voire incompréhensible par endroits. Pourtant, l’irrésistible mélodie de ses poèmes empreints de sensualité et de délicatesse ont marqué la poésie française et incité le jeune Arthur Rimbaud à se surpasser. Je m’arrête ici, lire Verlaine, c’est toucher du doigt les nuances subtiles des émotions qui, sous sa plume, ont la clarté douce d’une lueur stellaire.
Arthur Rimbaud : l’enfant terrible de la littérature française du 19ème siècle
Arthur Rimbaud, (1854-1891), l’homme aux semelles de vent, comme le surnommait Paul Verlaine, s’est voulu chercheur d’or. Génie précoce, il a tiré a le meilleur de ce que la versification classique et le lyrisme du 19ème siècle pouvaient offrir, avec notamment l’inégalable Bateau ivre.
Après de nombreux poèmes indépassables (le Bateau ivre, Voyelles, Ma Bohème, le Dormeur du Val, Sensation…), et sur un temps très court, Arthur Rimbaud consacre sa vie créatrice à voler le feu des territoires inexplorés. avec une quête incessante de l’inconnu, de l’inouï et de l’indicible, jusqu’à l’échec qui le fait abandonner l’écriture à 19 ans. Un échec qui révolutionne à jamais la poésie, ses enjeux et ses paradigmes.
Pourquoi cela ? Parce que Rimbaud, en renonçant prématurément à l’écriture au sommet, semble-t-il, de sa créativité, déclenche une onde de choc dans le monde littéraire. Il force les contemporains et les successeurs à repenser la nature même de la création poétique et à transcender à leur tour les limites imposées par les normes poétiques établies.
N’est-ce pas parce que nous cultivons la brume ! Nous mangeons la fièvre avec nos légumes aqueux. Et l’ivrognerie ! et le tabac ! et l’ignorance ! et les dévouements ! — Tout cela est-il assez loin de la pensée de la sagesse de l’Orient, la patrie primitive ? Pourquoi un monde moderne, si de pareils poisons s’inventent !
Rimbaud, Une saison en enfer
Durant sa vie littéraire, Rimbaud mène une vie bohème, dépendant souvent du soutien d’amis et de mécènes, ne vivant pas de son œuvre et préférant l’errance.
Après son renoncement à l’écriture, Rimbaud se jette sans filet dans les voyages et les aventures commerciales. Il explore divers pays d’Europe, tels que l’Allemagne et les Pays-Bas, ainsi que Java, en Asie. Il atteint ensuite l’Afrique, notamment l’Abyssinie (aujourd’hui Éthiopie). Déterminé à gagner de l’argent, il assume des emplois variés et entreprend des voyages risqués, toujours relativement fidèle à son rejet des normes de la société dominante. Il liquide ses affaires en 1890 et décède le 10 novembre 1891 à Marseille.
Le vide qu’il laisse est incroyablement fertile. Les poètes du 20ème siècle se montrent impressionnés par la rupture audacieuse qu’il incarne et s’aventurent à leur tour dans des chemins poétiques vierges, cherchant l’inouï, le choquant ou l’inexprimable (si vous souhaitez un prochain article sur la poésie du 20ème siècle, signalez-le dans les commentaires 😉).
Lire et comprendre Rimbaud, c’est ressentir une expérience poétique profonde et intense. Ce passant considérable, comme l’appelait Mallarmé, aura réinventé la beauté en la libérant des carcans hérités du classicisme. Son rêve impossible continue à vibrer dans l’esprit des innombrables artistes qu’il touche.
Stéphane Mallarmé : le symboliste hermétique
De l’œuvre de Stéphane Mallarmé (1842-1898), les lecteurs retiennent une précision linguistique de dingue, qui exige une lecture hypervigilante, un questionnement méticuleux sur les multiples sens cachés de chaque mot. Cette quête incessante de l’esthétisme, ce jeu constant avec la syntaxe, la ponctuation et la structure placent ce dernier, tout comme Rimbaud, à cheval entre le XIXe et XXe siècle.
Avant de devenir le mentor de tout un ensemble de poètes contemporains, Mallarmé a contribué au Parnasse et a été un ardent défenseur de l’esthétique de l’art pour l’art. Dans l‘Après-midi d’un faune ou le très célèbre Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, mais aussi dans son œuvre critique ou sa correspondance, Mallarmé va très loin dans le perfectionnisme. Il conçoit ses phrases comme une partition poétique où chaque item est soigneusement placé. L’objectif affiché : dissocier rédicalement son style du langage ordinaire, qu’il appelle « l’universel reportage ».
Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.Mallarmé, Tombeau d’Edgar Poe
Pour financer son activité de poète, Mallarmé occupe les fonctions de professeur d’anglais, traducteur et critique d’art. Sa vie personnelle est marquée par des difficultés financières, des deuils, dont la mort de son fils Anatole en 1879, et des moments de doute artistique.
En 1884, il gagne en légitimité grâce à Paul Verlaine qui l’inscrit parmi ses Poètes maudits, aux côtés notamment de Tristan Corbière, Arthur Rimbaud et Marceline Desbordes-Valmore. Son fascinant poème graphique de 1897, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard est le joyau de son héritage, qui se perpétue dans la poésie moderne, influençant (ou intimidant) de grands poètes tels que Paul Valéry, André Breton ou Yves Bonnefoy.
La littérature fin de siècle
Marqués au fer par la révolte de Rimbaud, les écrivains des années 1880 nourrissent un sentiment de lassitude, voire un violent pessimisme, exacerbé par les changements toujours plus rapides dans les domaines politiques, économiques et sociaux.
De fait, dans les pays occidentaux, des courants littéraires aux contours incertains se créent, révulsés par les conventions artistiques, le culte des sciences et les valeurs morales qui soutiennent l’essor du capitalisme et les guerres de conquête coloniale. Concrètement, les écrits fin de siècle se caractérisent par l’utilisation du vers libre, le rejet du prosaïsme et des conventions formelles au profit de la suggestion, de l’exagération ou de la dérision, exprimant un goût prononcé pour l’exquis, l’original ou l’excentricité.
Le décadentisme en quête de sensations extrêmes
Le décadentisme explore le potentiel évocateur de l’irrationnel, de la mort, et du mystère. Il rejette le scientisme et le modernisme, et se moque allègrement des -ismes précédents. Considéré davantage comme un état d’esprit que comme un mouvement artistique défini, il émerge dans un contexte marqué par les conséquences douloureuses de la seconde révolution industrielle. Des œuvres comme le Crépuscule des dieux d’Élémir Bourges et À rebours de Joris-Karl Huysmans en 1884 renforcent le caractère désespéré et provocateur du décadentisme.
Du reste, chaque liqueur correspondait, selon lui, comme goût, au son d’un instrument. Le curaçao sec, par exemple, à la clarinette dont le chant est aigrelet et velouté ; le kummel au hautbois dont le timbre sonore nasille ; la menthe et l’anisette, à la flûte, tout à la fois sucrée et poivrée, piaulante et douce ; tandis que, pour compléter l’orchestre, le kirsch sonne furieusement de la trompette ; le gin et le whisky emportent le palais avec leurs stridents éclats de pistons et de trombones, l’eau-de-vie de marc fulmine avec les assourdissants vacarmes de tubas, pendant que roulent les coups de tonnerre de la cymbale et de la caisse frappés à tour de bras, dans la peau de la bouche, par les rakis de Chio et les mastics !
Huysmans, À Rebours
Le dandysme
Bien que partageant des affinités avec le décadentisme, et n’étant pas strictement fin de siècle, le dandysme se distingue par l’idéal d’élégance, de raffinement et d’autonomie intellectuelle qui domine dans les années 1880. Contrairement au décadentisme qui prend tout à la légère, le dandysme célèbre l’art de vivre avec style et sophistication.
Le dandy, figure emblématique de ce mouvement, est un esthète qui transforme son existence en œuvre d’art. Cela passe par un soin méticuleux apporté à l’apparence, à la mode et au comportement. Charles Baudelaire, en France, incarne parfaitement le concept. Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889) en est un autre exemple parfait, avec son style vestimentaire excentrique et ses critiques acérées de la société contemporaine.
En littérature, les dandys s’illustrent par leur capacité à observer et à décrire la société avec un détachement aristocratique, tout en cultivant un idéal de beauté formelle. Cette approche se différencie du décadentisme, qui privilégie l’étude du déclin moral et social, ainsi que les aspects sombres et corrompus de l’existence humaine.
Il y aura toujours de la solitude pour ceux qui en sont dignes
Barbey d’Aurevilly, Le bonheur dans le crime
Gérard de Nerval : explorateur des mondes oniriques
Gérard de Nerval (1808-1855) est une figure à part de la littérature française du 19e siècle. Membre du mouvement romantique, il s’est aventuré plus loin qu’aucun autre dans l’univers des rêves et de la folie, notamment dans son œuvre phare Aurélia.
Sa vie a été ponctuée de difficultés matérielles, héritage des dettes familiales et exacerbées par des investissements malheureux qui ont provoqué des périodes d’instabilité financière.
Dépendant souvent de l’aide financière de ses amis et mécènes, comme l’écrivain Alexandre Dumas, ces contraintes monétaires ont parfois freiné sa production littéraire.
Le style énigmatique de Nerval est riche en références mystiques. Parfois il exige de ses lecteurs une concentration rigoureuse pour en démêler la complexité et saisir leur essence profonde. D’autres fois, il nous met à genoux :
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.Nerval, El Desdichado
Lire Nerval, c’est accepter de faire un voyage fantastique où les limites entre la folie et la créativité, le rêve et la réalité se fondent. De nombreux écrivains du XXème siècle l’ont admiré, Marcel Proust, Antonin Artaud, René Char, Paul Éluard… et bien d’autres grands auteurs qui valorisent la puissance insoupçonnée de l’imagination.
Quels géants de la littérature française du 19ème siècle avons-nous oubliés ?
Vous avez désormais la confirmation que la littérature du XIXe siècle vaut largement qu’on s’y arrête. Une littérature riche en mouvements et styles variés, qui ouvre la voie à de nouvelles formes d’expression. De l’individu à la société, par-delà le siècle de ruptures que fut le XXème siècle, ces courants irriguent encore notre culture post-moderne.
Je ne prétends pas avoir couvert le sujet, très loin de là. D’ailleurs, je serais curieuse de savoir qui sont, selon vous, manque à l’appel ? J’ai une idée de celui qui sera le plus cité, mais je suis certaine de me tromper. Dites-moi tout !
Quelle(s) richesse(s) dans ce très bel article ! Merci pour ce tour d’horizon complet et passionnant ! On aurait pu faire une article avec chacun des courants, chacun des auteurs !
La citation de Chateaubriand, celle de Sully Prudhomme, et bien sûr celle de Baudelaire, m’ont beaucoup touché.
Merci pour ce beau moment !
Denis (Académie de la Chanson)
Merci Denis, je suis ravie si j’ai pu partager ma passion 🙂 Sully Prudhomme et Chateaubriand méritent d’être (re)lus effectivement. Et, oui, je me suis rendue compte que j’aurais pu scinder ce tour d’horizon en plusieurs articles 😅. C’est une idée qui va faire son chemin !
Oh, merci. Mes auteurs préférés.
Avec plaisir !
L’article sur la littérature française du 19ème siècle sur « Mon Bagage Culturel » est une exploration fascinante de cette période riche en changements et innovations littéraires. Il met en lumière des auteurs emblématiques et leurs œuvres, illustrant comment leurs écrits reflétaient et influençaient la société de leur époque. Cette analyse approfondie offre un aperçu captivant des thèmes et styles qui ont dominé la littérature française durant cette ère. C’est une lecture enrichissante pour les amateurs de littérature et ceux intéressés par l’histoire culturelle de la France.
Wow merci pour ce résumé gratifiant, Dieter !
Rien sur Alexandre Dumas ?
Bonsoir Denis. Enfin une lacune pointée ! Je pensais à un autre (très) grand nom omis, mais effectivement Dumas manque sur cette liste, de même que tant d’autres. Merci pour votre commentaire qui me suggère le sujet d’un très prochain article !